Les interactions entre la schistosomiase humaine et bovine menacent les objectifs de lutte de l’OMS à l’horizon 2030

Les interactions entre la schistosomiase humaine et bovine menacent les objectifs de lutte de l’OMS à l’horizon 2030

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Une lutte efficace contre la schistosomiase bovine sera nécessaire pour atteindre les objectifs d’élimination de la maladie chez l’homme, selon une nouvelle étude.

Une étude menée par la Liverpool School of Tropical Medicine (LSTM) et le Malawi Liverpool Wellcome Research Program (MLW), publiée dans Une seule santémontre que des schistosomes hybrides humains, les parasites responsables de la maladie, émergent régulièrement du bétail.

Cette situation menace les objectifs de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) visant à éliminer la schistosomiase urogénitale en tant que problème de santé publique d’ici 2030 en Afrique subsaharienne. Les schistosomes hybrides humains peuvent également muter brusquement et modifier leur constitution génétique, augmentant ainsi le risque de transmission et de réinfection.

L'étude s'est concentrée sur la schistosomiase urogénitale au Malawi. C'est le premier à démontrer l'ampleur du problème de la schistosomiase bovine et, en appliquant de nouveaux tests de diagnostic moléculaire, à montrer que le bétail est la principale source d'infection par la schistosome hybride.

Le Dr Alexandra Juhasz, auteur principal de l'article et associée de recherche postdoctorale au LSTM, ainsi que vétérinaire du bétail, a déclaré : « Ce sont des résultats importants. En bref, nous avons montré que sans un futur contrôle efficace des maladies du bétail, un contrôle durable des maladies chez les humains sera difficile.

« Notre approche One Health visant à trouver des schistosomes hybrides entre Schistosoma haematobium et Schistosoma mattheei enrichit notre compréhension scientifique, non seulement au Malawi mais aussi dans les pays voisins. Les résultats auront des conséquences importantes dans la révision des discussions au niveau politique et démontreront les liens complexes entre la maladie , l'agriculture et la production alimentaire.

La schistosomiase est une maladie tropicale négligée qui touche plus de 240 millions de personnes. En 2021, l’OMS a lancé une nouvelle feuille de route pour la schistosomiase, qui vise l’élimination de la maladie en tant que problème de santé publique d’ici 2030.

Les stratégies de contrôle actuelles reposent sur un accès régulier aux médicaments distribués au niveau communautaire, mais si les infections proviennent de sources non humaines, il est peu probable que ces stratégies de contrôle des maladies soient efficaces.

La nouvelle étude a été menée conjointement par les professeurs Russell Stothard du LSTM et Janelisa Musaya du MLW. Le dernier rapport est le résultat de deux années de surveillance détaillée sur le terrain, utilisant l'application minutieuse de nouveaux tests de diagnostic ADN et la mise en œuvre d'un système de pointe d'enregistrement de données animales par GPS. Ces méthodes permettent de suivre les infections chez les bovins et leurs déplacements. Elles mettent également en évidence le potentiel évolutif de la schistosomiase pour s'adapter à l'expansion de la production bovine.

L'équipe multidisciplinaire de chercheurs britanniques, américains et malawiens a étudié plusieurs troupeaux de bovins dans trois districts où près de la moitié (49,3 %) des animaux étaient atteints de schistosomiase bovine. Même si les infections hybrides par les schistosomes humains n'étaient présentes que chez 1,8 % de ces animaux, ces bovins infectent les escargots aquatiques locaux qui, à leur tour, infectent une proportion significative de personnes atteintes de schistosomiase urogénitale.

L’équipe a utilisé une stratégie de surveillance par satellite GPS en temps réel particulièrement novatrice pour suivre et retracer les mouvements du bétail sur une période de trois mois sur les rives du lac Malawi. Cela démontre que même lorsque les bovins sont traités avec des médicaments vermifuges, ils sont réinfectés dans les trois mois.

Ces cartes spatiales des mouvements du bétail ont mieux révélé les pratiques saisonnières d'abreuvement et de pâturage, identifiant précisément les endroits où les infections à schistosomes hybrides ont été contractées par les utilisateurs du lac. Une telle cartographie précise deviendra de plus en plus importante dans la recherche et le contrôle de la schistosomiase zoonotique en Afrique subsaharienne.

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